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de leur faciliter les démarches et de continuer pendant dix ans à les surveiller. Ces compagnies assuraient le gouvernement que si ces émigrants cessaient de gagner leur vie à l’étranger, soit par incapacité, soit par accident, elles les rapatrieraient. Pour ces services les compagnies touchaient par émigrant une prime d’assurance de 30 yen et une commission de 20 yen. Mais le monopole tourna au scandale ; en plus des taxes autorisées, les compagnies perçurent des sommes illicites : comme les candidats à l’émigration étaient très nombreux, attirés par les succès des cultivateurs qui étaient revenus des Hawaï avec de grosses économies et de belles aventures, comme depuis la fin de la guerre surtout la mode est à l’émigration, les compagnies l’avaient belle pour vendre le droit d’émigrer. Elles faisaient payer le passage aux Hawaï, dont elles avaient déjà reçu le prix des planteurs ; elles comptaient en plus 5 ou 10 yen pour le chemin de fer jusqu’au point d’embarquement et de fortes notes d’hôtel en attendant la visite médicale ; elles avançaient enfin les 100 yen d’argent de poche qu’il fallait montrer en débarquant aux Hawaï. La note totale pour chaque émigrant s’élevait à 200 ou 250 dollars

Sur cette avance, garantie par deux répondants au Japon, la banque des compagnies touchait un intérêt de 12,5 p. 100, chaque année. C’était ainsi éliminer les vrais travailleurs ; le caractère des émigrants changea : les Japonais qui partirent aux Hawaï ne furent plus de pauvres et robustes agriculteurs, mais des gens ayant quelque bien, anciens maîtres d’écoles, policiers, commis, employés qui bien vite se lassèrent du travail de plantation.

Cette exploitation des compagnies devint telle