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tivement sur une terre étrangère, — au contraire des Chinois qui, par millions, se fixent dans tous les pays autour du Pacifique. Les Japonais des Hawaï importent chaque année du Japon, pour se vêtir et se nourrir, environ 6 millions de francs, de riz, de cotonnades, de poissons secs, de légumes, de shôyu et de saké[1]. Le riz pousse aux Hawaï ; cependant les Japonais, malgré un droit d’un sou par livre, préfèrent importer leur riz du Japon : affaire de goût, — car le riz japonais a une saveur propre et contient une plus large proportion de gluten, — mais aussi preuve de fidélité au terroir.

Les émigrants japonais, à aucun moment, ne cessent d’être surveillés par leur gouvernement, et comme le gouvernement entend qu’ils conservent des obligations envers leur pays, il se reconnaît des devoirs envers eux. Il est insupportable à l’orgueil du Japon de se voir représenté à l’étranger par de mauvais citoyens ; leur humiliation l’humilie, et il a pitié aussi des épaves japonaises, qui dérivent en pays lointains. Aussi jusqu’en octobre 1906 une loi de protection des émigrants exigeait-elle de chacun, pour qu’il pût quitter le Japon, qu’il eût un répondant, soit un individu payant un certain cens, soit une corporation[2]. Trente-quatre compagnies d’émigration s’étaient formées, auxquelles le gouvernement confiait le soin non seulement de choisir les émigrants, mais encore

  1. Seiko, op. laud., Art. Saito Kan.
    1903………………2 253 783 yen.
    1904………………2 410 110 —
    1905………………1 925 302 —
  2. Sur cette organisation de l’émigration japonaise, cf. Third Report on Hawaï, Bulletin of the Bureau of labor, n° 66. Septembre 1906, p. 502.