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montre, est toujours prêt à visiter de nouveaux pays et désireux de s’essayer à de nouveaux métiers. Le Japonais est petit mangeur ; le Chinois dépense beaucoup plus pour se nourrir ; par contre, pour son vêtement et son logement, le Japonais est plus difficile : les Chinois préfèrent vivre en troupeau dans de larges baraques ; les Japonais vivent par petits groupes dans des cottages, et il leur faut de l’eau chaude pour le bain journalier.

Par contre les défauts des Japonais sont dangereux pour la communauté hawaïenne, car les coolies ne représentent pas le meilleur de la race japonaise, et l’opinion publique, qui les déteste, est prompte à dénoncer leurs défauts. S’ils ont de la curiosité et une grande ambition d’apprendre, ils sont avant tout inquiets, d’une inquiétude de touche-à-tout ; ils ne tiennent jamais en place : aussitôt qu’ils sont sur une plantation, ils songent à la quitter, à acquérir un nouveau métier, à retourner au Japon ou plutôt à partir en Californie. Ils sont orgueilleux, violents, peu sûrs en affaires. Les Chinois tiennent parole : il est rare qu’ils rompent un contrat, même s’il tourne à leur désavantage, tandis que le Japonais, s’il voit qu’il perd au marché, s’en va et laisse le manager en plan. Beaucoup de Chinois sont constants dans leurs affections domestiques ; avec eux ils amènent généralement leurs familles ; si on les laissait faire, ils ne demanderaient qu’à s’établir définitivement. Leurs enfants, purs Chinois ou mi-Chinois mi-Hawaïens, sont un bon élément qui très vite s’américanise. Ils coupent leurs queues, parlent l’anglais, s’habillent comme les Blancs, jouent au foot-ball et vont en tenue de soirée à des fêtes où les Blancs dominent. Ceux qui retournent