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plutôt d’avis d’exclure aussi les Japonais. Ils rappellent tous les cas où les Chinois et les Japonais, loin de rester confinés aux gros travaux, ont, par leurs bas salaires, supplanté les Blancs dans les métiers qualifiés de la plantation. Rien ne dit qu’après l’arrivée des Chinois, les Japonais ne seront pas renvoyés des plantations, et qu’alors cette main-d’œuvre disponible ne viendra pas concurrencer dans les îles et aussi sur la côte californienne les ouvriers blancs.

Pourtant les planteurs insistent : la présence de Chinois, neutralisant les Japonais en cas de disputes et de difficultés, rendrait la main-d’œuvre plus maniable et la discipline plus aisée. Les Japonais, sentant qu’ils dominent le marché du travail, font les matamores, sont insolents, indisciplinés, toujours prêts à se quereller avec le patron. C’est un travers de leur race qu’une vanité enfantine, à la fois personnelle et patriotique. Il est très difficile de les mener ; pour un rien ils se cabrent ; les directeurs et contremaîtres sont obligés de les flatter, de les cajoler. Le Chinois, au contraire, sauf pendant quelques crises d’hystérie incompréhensibles où il joue du couteau, est un admirable automate qui va doucement, sûrement, sans à-coups. Il apparaît comme le seul antidote contre la sursaturation japonaise.

Ce n’est pas que le Japonais soit sans qualités : propre sur lui et chez lui, il est vigoureux, plus énergique que le Chinois et n’a pas besoin, comme le Porto-Ricain, d’une prime pour faire son travail ; il est doux aux animaux qu’il soigne bien. Au contraire du Chinois généralement conservateur, il est curieux de nouveautés, s’habille à l’européenne, porte une