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Dès que l’immigration chinoise fut entravée, les Japonais commencèrent de venir en masse et on les accueillit volontiers. Le Chinois étant rejeté parce qu’il prenait le meilleur dans ce mélange de races, on eut intérêt à accueillir les Japs qui, par leur couleur, leur bon marché, leur force de résistance, ressemblaient aux Chinois. L’alternance de ces deux immigrations chinoise et japonaise fut très régulière. Avant 1883, alors que les Chinois venaient librement, point de Japonais. En 1886, l’immigration chinoise étant restreinte, les Japonais commencèrent d’arriver. De 1894 à 1896, tandis que les Chinois débarquaient nombreux, arrêt de l’immigration japonaise. À partir de 1898, année où les Chinois sont exclus, les Japonais reviennent. Maintenant que sur le terrain sarclé de Chinois, le Japonais foisonne, les planteurs regrettent le Chinois : ils voudraient qu’une nouvelle immigration chinoise vînt neutraliser les Japonais. Ce serait un avantage que d’avoir ainsi la main-d’œuvre divisée entre les deux nationalités asiatiques. À choisir, beaucoup préféreraient encore le Chinois, car ils n’ont pas oublié leurs difficultés avec les Japs au temps de l’annexion. Les planteurs, les marchands, les employés supérieurs des plantations demandent qu’on revienne à la tolérance de la loi locale de 1887-1888. Les Chinois importés en nombre limité ne prendraient la place d’aucun travailleur, ils rempliraient les places vides. Mais les résidents européens et américains, qui ne sont pas des ouvriers et qui sont arrivés récemment de la Californie ou d’Australie, les ouvriers blancs et généralement tous les indigènes s’opposent à tout accroissement de la population jaune ; ils sont