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comme coolie en 1852, son nom était déjà connu et respecté, car depuis longtemps la Chine était bonne acheteuse de bois de santal, principale richesse du pays. Au début il vint peu nombreux, défricha la terre, nivela des rizières, profita de la prospérité des îles pour accumuler des propriétés, prit femme parmi les indigènes, apprit leur langue, et devint un commerçant d’importance. Bref ces premiers Chinois réussirent. Comme leur nombre croissait, tandis que les indigènes disparaissaient et que la colonie blanche des résidents ne s’augmentait guère, dès 1883 on s’opposa à leur importation, et comme les Japonais commençaient d’arriver, une loi locale en 1887 et 1888 exclut des îles, pour un temps, les coolies chinois. Toutefois, chaque année, on permit l’admission d’un nombre limité de domestiques et de travailleurs enregistrés et surveillés ; chaque mois les patrons devaient verser une partie du salaire au gouvernement pour payer le retour de ces coolies en Chine à l’échéance de leurs contrats. De 1894 à 1896, leur nombre sur les plantations s’est beaucoup accru. Après l’annexion aux États-Unis, la loi fédérale excluant les Chinois fut appliquée ; ceux qui étaient jeunes et vigoureux sont repartis, laissant surtout les joueurs, les fumeurs d’opium, et les vieillards qui ne peuvent trouver l’argent pour retourner chez eux. Comme, d’autre part, les rizières, que des Chinois ont créées dans Oahou et Kaouaï, attirent la main-d’œuvre chinoise qui y est mieux payée que sur les plantations de sucre, ceux qui restent au service de King Sugar sont de pauvres hères détériorés qui ne ressemblent guère aux bons Chinois d’autrefois.