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Washington et de Londres dans leurs relations diplomatiques avec Pékin ; mais l’habileté des diplomates et surtout la faiblesse du gouvernement chinois atténuaient le conflit. Depuis les victoires des Japonais, il n’en va plus de même : le gouvernement du Mikado est de taille à protéger, où qu’ils soient, ses nationaux.

En juillet 1904, alors que les sympathies américaines allaient au Japon en guerre avec la Russie, le commissaire de l’immigration à San Francisco me déclarait que si les Japonais continuaient de débarquer aussi nombreux aux États-Unis, on leur appliquerait le même traitement qu’aux Chinois. Quelques mois plus tard, l’American Federation of Labor en son congrès, qui, cette même année, se tint à San Francisco, émit le vœu que, dans les lois sur l’immigration, les Japonais fussent assimilés aux Chinois. En octobre 1906, toujours à San Francisco, le Board of Education exclut les jeunes Japonais des public-schools, et les mouvements antijaponais commencent. En septembre 1907, manifestations et bagarres antijaponaises à Vancouver : l’affaire est portée à Ottawa et à Londres. Opinion d’un spécialiste, vœu d’un congrès, incidents locaux, intéressant des villes puis des États, puis des pays, enfin toute l’Amérique du Nord et, derrière le Canada, la Grande-Bretagne, — d’imprévue qu’elle fut au début, l’affaire, en une année, s’est grossie au point qu’elle hante aujourd’hui le monde anglo-saxon tout entier, et voici qu’elle commence d’inquiéter l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud : tous les Blancs du Pacifique sont menacés. Le boycottage des marchandises américaines, organisé par les guildes chinoises en 1905-