Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/46

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exigea qu’on dépensât gros pour l’installer, pour irriguer ses domaines. En prospérant il a pris des allures agressives. L’élevage des bêtes, il l’a relégué sur les hauteurs que l’absence d’eau empêche de défricher ; le café, qui occupe la zone neutre, est obligé de lui céder la place, et bien que les montagnes, les récentes coulées de lave et les régions arides réduisent son domaine, les terres qu’il occupe, il les tient si bien que l’on évalue à un million le nombre d’habitants que, grâce à lui, les îles pourraient nourrir : elles n’en ont guère qu’un peu plus de 150 000.

La race et le caractère de cette population, c’est le sucre qui les a déterminés. Pour le recrutement de son personnel, Kinq Sugar se servit des pratiques et des hommes qu’il trouva. Les capitaines de baleiniers, pour renforcer leurs équipages de Hawaïens et pour tenir ces recrues, toujours promptes à déserter, avaient adopté un contrat de travail qui garantissait le paiement d’une avance, mais imposait des châtiments en cas de rupture du contrat. Comme ce contrat était passé dans l’usage chez les Hawaïens, et que les premiers chefs des plantations étaient d’anciens marins, les équipes sur les plantations furent traitées comme des équipages à la mer : en cas de désertion ou de refus de travailler, c’était la condamnation à un service supplémentaire, parfois même le fouet. La condition des travailleurs, qui alors étaient des indigènes, fut peu à peu amendée, sous l’influence des missionnaires américains et des Blancs ; elle le

    milles carrés : soit les deux États de Connecticut et de Rhode Island réunis. Les terres publiques du Territoire représentent environ 1 720 000 acres : 500 000 acres de montagnes ; un million en forêts et pâturages ; 220 000 en cultures.