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tions de bois de santal en Chine. Mais les forêts insulaires s’épuisaient et le premier transcontinental américain fit de San Francisco le centre des baleiniers. Pour suppléer à ce commerce, sous l’influence américaine qui commençait de se faire sentir, des entreprises agricoles furent tentées. Tout de suite il fut évident que, de toutes les cultures à l’essai, le sucre était le plus apte à survivre. La lave ameublie, le climat, qui atteint de hautes températures à l’abri des vents et des pluies, et l’irrigation artificielle font de certaines terres des îles le meilleur sol du monde pour la canne à sucre. Point de concurrence à l’industrie sucrière : sans mines, sans cours d’eau importants, aucune grande industrie n’est possible ; commercer avec des terres dont la plus rapprochée est à 2 000 milles n’est guère aisé ; pour la même raison les récoltes qui ne supportent pas le transport ne sont pas rentables ; en outre la Californie, marché naturel des Hawaï, n’a pas besoin de céréales, de viandes, de légumes ni de fruits. Enfin, ces îles de formation récente, éloignées de tout continent, ont une flore et une faune très restreintes ; fléaux et moustiques qui s’abattent sur les bêtes et les plantes, trouvant peu d’ennemis qui les combattent, ont le champ libre. King Sugar résistait aux fléaux, se plaisait sur ce sol, sous ce climat ; il s’accommodait des longs voyages ; il valait qu’on fît des frais pour son transport, puisque, en Californie, il était le bienvenu[1]. Il

  1. Pour l’année finissant au 30 juin 1905, la valeur totale des exportations du Territoire était de 36 123 867 dollars ; le sucre à lui seul représentait 35 113 409 dollars. En dix ans la production du sucre a passé de 150 000 à 400 000 tonnes. Les plantations couvrent 200 000 acres. Les quatre îles principales, Hawaï, Maouï, Oahou et Kaouaï, ont une superficie combinée de près de