Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mun, d’une harmonieuse réconciliation après tant de massacres… cinquante ans après l’on verrait…

L’expérience a été tentée, et il faut voir[1]… En ces îles que Cook découvrit et que Vancouver visita à la fin du XVIIIe siècle, les rois indigènes qui gouvernèrent jusqu’à la proclamation de la république en 1893, n’étaient plus, depuis cinquante années, les véritables souverains de la terre et du peuple. Conseillés par des missionnaires américains, ils rompirent avec leur sanglante idolâtrie, édictèrent des lois contre l’alcool et la prostitution, prirent les commandements de Moïse comme principes de législation, ordonnèrent d’observer le sabbat, puis furent renversés par un comité de salut public que dirigeait un descendant de missionnaire, Judge S. B. Dole. Pas plus que les rois, les Américains, depuis l’annexion en 1898 et l’organisation du Territoire de 1900, ne sont les maîtres des îles. Le souverain c’est King Sugar, le Sucre-roi, souverain de même souche que King Cotton, qui continue de régner dans le sud des États-Unis, malgré la victoire du Nord et la législation de Lincoln.

La puissance incontestée de King Sugar aux Hawaï est de date récente. Pendant la première moitié du XIXe siècle, les seules entreprises d’importance furent le commerce avec la flotte des baleiniers de toutes nations qui hivernaient dans les îles, et les exporta-

  1. Les documents sont tirés du Report of the Commissioner of Labor on Hawaï, Bulletin of the Department of Labor. Washington, July 1903, n° 47, et du Third Report on Hawaï. Bulletin of the Bureau of Labor, september 1906, n° 66, qui tous deux sont de belles enquêtes. — Pour une brève histoire des îles Hawaï et de la diplomatie américaine, cf. American Diplomacy in the Orient, by John W. Foster, 1903.