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s’impose lourdement, mais on les respecte : ce sont les Yankees de l’Europe, aussi audacieux en affaires que ceux d’outre-mer, n’hésitant pas à lancer de grandes entreprises avec un crédit insuffisant, gros producteurs industriels, et commerçants incomparables : avec l’Allemand en certaines affaires telles que l’électricité, le fil de fer, l’Américain est obligé de compter et cherche à s’entendre pour partager les marchés du monde ; ce sont les compagnies allemandes de navigation qui ont mis en échec le Trust américain de l’Océan ; dans l’Amérique du Sud c’est le commerce allemand qui fait la concurrence la plus âpre au commerce des États-Unis. La victoire allemande, la force allemande, le romantisme du Kaiser, la culture allemande[1], la méthode allemande que la


    statistiques lui donnent parmi les nations du monde les inquiètent. L’énergie comprimée de ce peuple de 60 millions de Blancs, que dirige un Empereur friand de coups de théâtre, leur fait craindre des explosions.

  1. Le professeur américain Burgess à l’ouverture de son cours à l’Université de Berlin, en octobre 1906, lut en présence de l’Empereur une lettre du président Roosevelt qui avait pris l’initiative d’un échange de professeurs entre les États-Unis et l’Allemagne. Il rappela l’amitié traditionnelle entre les États-Unis et la Prusse, amitié remontant à Washington et à Frédéric le Grand, le traité de commerce que la Prusse, seule de tous les États européens, conclut avec les États-Unis pendant le temps des rudes épreuves de 1783 à 1787 ; il dit aussi ce que l’Amérique doit à l’émigration allemande et à la culture allemande que tant de jeunes Américains viennent chercher dans les universités de l’Empire : « C’est ce sentiment d’admiration pour la science allemande qui a donné naissance à cet échange de professeurs entre les deux pays. » Et à propos d’une visite à l’Université Harvard, le président Roosevelt adressait au Kaiser ce télégramme : « Je viens de visiter le musée germanique dont la fondation doit être dans une très large mesure attribuée à l’intérêt que vous lui avez manifesté. Je saisis cette occasion pour vous remercier et remercier, par votre intermédiaire, le peuple allemand pour les nombreux actes de