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III

Le bénéfice de l’embarras de l’Angleterre et du faux mouvement de la France n’a pas été perdu par l’Allemagne. Comme l’Angleterre depuis dix années, l’Allemagne aussi s’est montrée empressée à plaire aux Yankees : visite du prince Henri aux États-Unis en 1902, télégrammes impériaux au président Roosevelt, cadeau d’un grand Frédéric en bronze, don à l’Université Harvard d’un Musée d’art germanique, aménités du Kaiser pour les milliardaires yankees de passage à Kiel ou à Berlin… Des Allemands, aussi bien que des Anglais, les Américains acceptaient hommages, flatteries et adulations, sans se croire tenus à beaucoup de reconnaissance. Parfois même, à l’adresse des Allemands trop obséquieux, les rebuffades ne manquaient pas : on mit plusieurs années à trouver l’emplacement du grand Frédéric en bronze. L’altitude de l’amiral allemand Diedrichs en face de l’amiral Dewey aux Philippines, l’activité du Deutschtum dans le sud du Brésil avaient désigné l’Allemagne comme l’ennemi éventuel : c’est à une guerre contre l’Allemagne que depuis dix années