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cas où il aurait songé à un conflit avec les États-Unis ? En l’aidant à se libérer du souci chinois[1], ne contribuions-nous pas à lui assurer ses derrières ? Après cet accord, la situation en Extrême-Orient n’était plus la même pour les États-Unis. Admettons la possibilité d’une guerre et d’une victoire de l’Amérique ; l’accord franco-japonais ne limite-t-il pas les chances que les États-Unis auraient de profiter de cette victoire ? Qu’ils disent alors : Installés aux Philippines, nous ne voulons plus des Japonais comme voisins ; que les Chinois reprennent Formose ; la France ne serait-elle pas obligée, au moins diplomatiquement, de s’entremettre pour que les droits territoriaux du Japon en Extrême-Orient fussent respectés ? On dira : Les Anglais sont encore plus gênés que nous pour concilier leurs obligations envers le Japon et leur amitié américaine. C’est possible, mais ils avaient resserré leurs obligations envers le Japon avant que le différend japonais-américain fût prévisible. Nous, nous nous sommes liés au Japon en pleine crise et sans qu’aucune raison importante nous forçât alors à partager dans l’opinion américaine la défiance que son alliance japonaise a valu à l’Angleterre. À peine ce traité conclu, nous sentîmes si bien qu’il ne nous vaudrait pas de nouvelles sympathies yankees, que nous offrîmes nos bons offices aux États-Unis pour

  1. Le Chuo dit que l’entente franco-japonaise a pour père le traité anglo-japonais, et pour mère l’entente anglo-française, et voit déjà réalisée la quadruple alliance anglo-franco-russo-japonaise. « Désormais, ajoute-t-il, la Chine ne pourra plus profiter de la division des puissances pour exercer la politique d’entraves : car elle se trouvera non plus en face d’un pays isolé et tenu en échec par les rivalités des autres, mais devant quatre nations unies et puissantes. »