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Assez peu avantageux pour nous, ce traité fut inopportun. Il nous a valu de justes réclamations de la Chine dont il a excité gratuitement les susceptibilités antiétrangères. Surtout ne risquait-il pas de nous aliéner un peu de l’amitié des Américains qui, elle aussi, est de tradition chez nous, et qui nous a toujours servi intellectuellement à répandre outremer notre langue et nos idées, économiquement à fournir de luxe leurs classes riches, et politiquement à Algésiras quand le président Roosevelt personnellement auprès de l’empereur d’Allemagne, et son ambassadeur, Mr. White, auprès de la conférence, surent plaider notre cause ? Était-il bien opportun de choisir le moment où les États-Unis s’inquiétaient de leur différend avec le Japon, pour nous lier officiellement avec lui par un accord formel ? Notre appui financier, notre promesse de respecter l’intégrité chinoise, et de coopérer avec le Japon pour assurer la paix dans les régions chinoises voisines du Tonkin en cas de troubles, notre promesse d’aider à maintenir la situation et les droits territoriaux du Japon sur le continent asiatique : tout cela n’était-il pas de grande valeur pour le Japon, au


    février 1907, a servi à rembourser un emprunt de 6 p. 100 émis en Angleterre, et garanti par les recettes des chemins de fer japonais : le Japon nous a emprunté de l’argent sans garantie spéciale, et à 5 p. 100. En échange, le Japon n’a placé en France aucune des commandes de matériaux pour l’armée, la marine, les chemins de fer, qu’il est obligé de faire à l’étranger. En 1906-1907 ces commandes se sont élevées à 60 millions de francs en Angleterre, à 118 millions en Allemagne, et 120 millions aux États-Unis. Le Temps (16 janvier 1908), bien que très partisan de l’accord franco-japonais, est obligé de constater qu’il ne nous est guère avantageux. Les Japonais, s’ils estiment la France comme prêteuse d’argent, n’ont qu’une médiocre estime pour son industrie.