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tique ? appui militaire ? On ne sait. Trompe-l’œil colonial à coup sûr, l’accord ne nous rapporte rien que nous n’eussions déjà, et en échange, ouvre l’Indo-Chine aux commerçants japonais et notre marché financier au crédit japonais[1].

    que le Japon paraît décidé à ne plus ménager la Chine déjà remuée par des mouvements antiétrangers et antimandchous. Notre intérêt eût plutôt été de garder notre liberté d’action. La Chine, inquiétée par le Japon, cherchera des appuis auprès des puissances européennes et des États-Unis.

  1. Les résultats financiers de cet accord avec la France sont ainsi appréciés par la presse japonaise : « La France est le pays des capitaux, et le Japon en manque. L’intérêt de l’argent à la Banque de France après être monté à 3 1/2 p. 100 est en train de redescendre à 3 p. 100. De plus l’impôt sur le revenu décide beaucoup de rentiers à placer leurs capitaux à l’étranger… L’occasion est propice pour faire appel aux capitaux français. On ne s’en tiendra pas, nous l’espérons, à une alliance commerciale ; nos industriels et nos commerçants ne sont pas hommes à cela. » (Bocki.) Le Jiji Shimpo signale que la France à elle seule a souscrit plus de la moitié des emprunts japonais à 4 et à 4 1/2 p. 100 émis à l’étranger en octobre 1906 et au printemps 1907. « Et encore, beaucoup de Français ont été retenus par la crainte chimérique d’une invasion possible des Japonais en Indo-Chine. Maintenant que ces défiances sont dissipées, si nos gouvernants savent s’y prendre, il ne sera pas difficile d’attirer au Japon les capitaux français. » Le Yomiuri Shimbun détrompe ses compatriotes qui croient que les Anglais sont le peuple le plus riche en capitaux disponibles. « Non, leur dit-il, ce sont les Français. D’après une enquête récente, les capitaux placés par la France à l’étranger s’élèvent à trente milliards… » Le Yomiuri, avant la publication du traité, invitait les chambres de commerce, de concert avec « nos amis français » du Japon, à prendre l’initiative d’une « alliance d’intérêt ». Pour favoriser les relations financières, il demandait que la Bourse de Tôkyô instituât un Comité chargé d’étudier le moyen d’introduire les valeurs japonaises sur le marché de Paris. Il ne s’agit pas de se croiser les bras, concluait-il, il faut profiter « de l’aubaine. » Depuis deux ans, deux emprunts, l’un de 12 millions de livres sterling 4 p. 100, l’autre de 11 millions 1/2 de livres sterling 5 p. 100 ont été souscrits par le marché français. Le premier a été affecté au remboursement de 200 millions de yen de bons du Trésor 6 p. 100 émis au Japon. Le second, celui de