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nais. La paix conclue, au Japon il y eut un certain ressentiment contre les États-Unis qui avaient pressé sur le Mikado pour que le traité fût signé à des conditions qui ne satisfaisaient pas l’ambition dilatée des Japonais. Débarrassés du spectre russe, avec une incroyable activité ils imaginèrent des tâches à la taille de leur triomphe et de leur besoin d’étonner le monde. Domination politique et économique de la Corée et de la Chine du nord, maîtrise du Pacifique, expansion vers les deux Amériques, émigration en tous sens… : les plans de ces esprits échauffés butèrent contre les situations acquises ou les desseins avoués des États-Unis, le nouvel ennemi que désignait la nature, après le Russe. Des incidents naquirent : les Américains tuèrent quelques pêcheurs japonais qui, en maraude, allaient dans les eaux américaines décimer les troupeaux de phoques ; pourtant la lutte pour la maîtrise du Pacifique n’aurait pas de longtemps mené à des difficultés critiques, quand soudain l’affaire des écoles de Californie révéla un conflit de races qui couvait. La concurrence du Japon, à distance, inquiétait médiocrement les Américains très sûrs d’eux. La concurrence de l’immigrant japonais, sur leur sol même, les alarma.

« Notre pays, dit le président Roosevelt dans son message du 5 décembre 1906, a sur le Pacifique une frontière aussi importante que celle qu’il a sur l’Atlantique, et nous espérons jouer un rôle toujours plus important dans le grand océan asiatique. Nous aspirons, et ce désir est légitime, à un grand développement de notre commerce avec l’Asie, mais nous ne pouvons compter que ce développement sera durable que si nous traitons les nationaux des autres pays