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aux États-Unis ou en Europe the man in the street. Le danger dans les deux pays était qu’à force de croire la guerre nécessaire on fît de nécessité vouloir, que les journaux et une partie du peuple en vinssent par nervosité à la provoquer.

Depuis dix-huit mois, les griefs se sont amoncelés : l’immigration japonaise aux États-Unis ne s’arrêtait pas ; la flotte américaine était partie pour le Pacifique ; Japonais et Américains augmentaient leurs armements et prenaient toutes leurs précautions. Point pour point, les épisodes du conflit ont rappelé les préliminaires de la guerre russo-japonaise, coïncidence qui frappait l’imagination fataliste des deux peuples assez disposés à croire que l’histoire se répète. Une fausse nouvelle, et l’on croyait à la guerre : n’était-ce pas un indice que la paix pouvait être à la merci d’un incident ?

La raison du conflit est permanente : il est impossible que les Américains, sacrifiant les deux idées essentielles de leur civilisation, standard of living et assimilation, traitent de même manière immigrants japonais et immigrants européens. D’autre part, le Japon estime que sa civilisation et ses victoires doivent lui assurer cette égalité et qu’on ne peut se passer de ses émigrants en Amérique. Quel traité pourra ajuster ces contradictions avec assez de justice pour satisfaire définitivement les deux peuples ? À maintenir sa position, le prestige de chacun des deux pays est engagé. Sans doute les États-Unis n’auraient rien à gagner d’une guerre, pas même d’une victoire, et le Japon, avant de rêver d’une grande politique d’expansion dans le Pacifique, ferait mieux de liquider ses dettes, d’assimiler ce qu’il vient de con-