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tique fière et agressive en Chine, c’est, au reste, pour les ministres japonais un moyen de détourner des mesures sur l’émigration qui l’ont déçu et humilié, l’attention du peuple, et de donner une revanche à son orgueil.

Par moments, devant le danger chinois, le Japon se sent solidaire de l’Europe et des États-Unis : il craint d’avoir le monde entier contre lui. Comment se lancer dans une lutte qui peut être longue, sans être plus sûr de son voisin immédiat, et risquer de n’avoir pas toutes ses forces disponibles au moment où il faudra mater une révolution chinoise, contenir les ambitions européennes en quête de profits et jouer, entre la Chine et l’Europe lésée dans ses biens ou dans les personnes de ses nationaux, le rôle d’honnête courtier ? Un homme d’État japonais disait récemment : « En Extrême-Orient il y aura de terribles convulsions dont une grande nation comme les États-Unis ne pourra se désintéresser. En vue de telles crises ceux dont les intérêts sont communs ne devraient pas se disputer ».

Aux États-Unis comme au Japon, une politique stricte d’intérêts est pour la paix : depuis un an et demi que dure le conflit, la guerre a été évitée. Mais, tandis que les deux gouvernements déclaraient que toute idée de guerre était absurde, les opinions des deux pays se montaient. L’affaire a été plus grave que ne voulurent le laisser croire les gouvernements, moins immédiatement menaçante que ne l’imagina