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longue échéance d’éducateur et de tuteur de la Chine[1] ; ils vont au gain immédiat, car ils n’augurent rien de bon pour leur pays du réveil de la Chine. Ces Chinois, comme les Coréens, puisqu’ils ne comprennent pas le profit et l’honneur qu’il y aurait à accepter docilement la « paix japonaise » et qu’ils mettent en bloc Japonais et Occidentaux, doivent être traités en inférieurs, en impuissants.

Ce changement de ton des Japonais à l’adresse de la Chine a coïncidé avec la résolution qu’ils ont prise de céder temporairement aux Américains du Nord sur les affaires d’émigration. Ces deux problèmes chinois et américain sont trop importants pour qu’il ne soit pas nécessaire de les sérier : le ralentissement de l’émigration japonaise en Amérique a déterminé un renouveau d’activité japonaise en Mandchourie. Il faut que le Japon profite du loisir, assez court peut-être, que lui laissent les affaires américaines pour frapper vite et fort à Pékin. Une poli-

  1. J’ai exposé le détail de cette politique dans Paix japonaise. La propagande japonaise, auprès des étudiants chinois au Japon, et en Chine par des professeurs japonais continue ; mais le Japon n’étant plus aussi sûr que les réformes en Chine se feront au profit du Japon, a moins de confiance dans sa campagne d’éducation et plus de hâte à se payer en Mandchourie des bienfaits que la Chine lui doit. Les milliers d’étudiants chinois à qui les Japonais ont enseigné les principes de la politique sont plutôt antijaponais, quand ils retournent en Chine. Les Japonais se sont plaints de l’accueil fait par les Chinois à une mission de Bouddhistes japonais ; les Chinois se sont plaints de l’accueil fait à leurs officiers, pendant les dernières grandes manœuvres japonaises. Entre Pékin et Tôkyô, il y eut des discussions à propos de naturalisés ou de protégés japonais à Formose ou en Mandchourie que le Japon demandait à la Chine de lui livrer pour les punir ou de venger en punissant leurs assassins. Et le Japon s’est plaint souvent de l’hostilité témoignée aux Japonais par les taotaï ou mandarins de Mandchourie.