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coolies, mais encore aux marchands, professeurs, étudiants, voyageurs chinois que pourtant la loi américaine admet[1] ; le boycottage devait forcer la main aux Américains dans les négociations pour un nouveau traité. Lancé à Shanghaï par le président de la guilde des marchands du Fo-kien, soutenu et développé par des étudiants de sentiments anti-étrangers, le mouvement se répandit à Amoy, Swatow, Canton surtout, et gagna les grandes communautés chinoises de Singapoure et de Bangkok. « Les Américains nous traitent avec mépris, disant qu’il n’y a rien à craindre parce que nous, Chinois, nous ne pouvons jamais nous unir », s’écriait-on dans un meeting à Shanghaï… Cette campagne de boycottage a prouvé quelle force d’organisation et quelle rapidité d’entente existent entre les guildes chinoises et qu’un formidable instrument de guerre était désormais au pouvoir de ces Chinois avec qui l’on se croyait assuré de l’impunité. Les Américains prirent peur ; les troupes américaines furent renforcées aux Philippines. Avant que miss Roosevelt arrivât dans l’excitable et turbulente fourmilière de Canton, des placards injurieux furent partout affichés. Elle dut écourter sa visite.

Maintenant c’est entre les peuples japonais et américain. Au moment du traité de Portsmouth déjà, l’opinion américaine, un peu inquiète des triomphes répétés des Japonais et de leurs exigences, fut plus chaude en faveur des Russes qu’en faveur des Japo-

  1. Un grand nombre de coolies cantonnais, ayant obtenu d’un Taotaï des certificats frauduleux que légalisèrent les consuls américains de Canton et de Shanghaï, se firent passer pour des marchands ou des étudiants. La fraude éventée, les agents de l’immigration s’appliquèrent à décourager, indistinctement, tous les Chinois qui se présentaient.