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Japon, la Chine se reprend à honorer le métier des armes, à vouloir la force militaire. Et même elle se promet de faire rapidement plus et mieux que lui : « Nous sommes quatre cents millions et notre race occupe le premier rang parmi celles qui peuplent la terre. Ne devrait-elle pas être la plus puissante du monde ?… Les autres races gouvernent des territoires qui sont à nous ; elles frappent sur notre peuple qui courbe humblement la tête… Il faut développer la valeur guerrière de nos compatriotes, reprendre l’esprit et le courage de nos ancêtres ».

Une Chine qui n’accepte pas les acquisitions du Japon en Mandchourie et en Corée, et qui refuse d’être protégée par le Japon aussi bien que par la Russie, une Chine guerrière aux portes du Japon, et qui ne lui est point reconnaissante de l’aide qu’il lui fournit pour se réformer, une Chine qui fiévreusement veut parcourir deux fois plus vite les étapes que le Japon a franchies naguère pour s’européaniser, mais qui, à la différence de son maître, ne garde ni discipline, ni respect de l’autorité, ni dévotion à sa maison impériale, et qui subitement, à la mort de la vieille impératrice, peut renier la dynastie mandchoue, une Chine dont presque tous les réformateurs, à commencer par les milliers d’étudiants chinois au Japon, sont de tempérament révolutionnaire et haïssent les étrangers qu’ils imitent, — une telle Chine n’est-elle pas pour le Japon un dangereux voisin, menaçant pour sa sécurité immédiate, et plus encore pour ses rêves de prépondérance en Extrême-Orient ?

De quel côté le Japon se rangera-t-il dans les prochaines révoltes ou révolutions chinoises ? Du côté