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grande part des bénéfices du chemin de fer de Sin-Minting-Moukden. Les Japonais refusent et offrent de lui vendre à très haut prix un terrain qui ne leur appartient pas. Elle veut construire un chemin de fer de Sin-Minting à Takumen ; le Japon déclare qu’une ligne parallèle à la ligne de la Mandchourie méridionale ne sera pas construite : ce serait une violation du traité de Pékin (1905). Chemins de fer, postes, télégraphe, mines, forêts ; toutes les entreprises du Japon en Mandchourie, qu’il traite en terre conquise, le mettront en conflit avec la Chine qui se considère toujours comme suzeraine.

Dans une petite histoire destinée aux écoles primaires[1], où l’on énumère tous les malheurs de la Chine au XIXe siècle, le Japon, qui s’est emparé des Lyoukiou, de Formose et de la Corée, n’est pas mieux traité que la Russie ou la France ; une autre histoire à l’usage des écoles résume ainsi les malheurs de la Chine : « Depuis quelques dizaines d’années, l’Angleterre, la Russie, l’Allemagne, la France, le Japon, tous ont pris des lambeaux de notre territoire ; on le diminue sans cesse. Ah ! il y a 4 398 années que l’empereur Hoang-ti, victorieux des races qui occupaient le territoire, a fait de ce pays des esprits la terre où devaient vivre ses descendants ! L’abandonnerons-nous à d’autres en nous croisant les bras ? »

Le Japon maître de la Corée, ancienne dépendance de la Chine, maître de la Mandchourie du sud, pays de la dynastie qui règne à Pékin, quelle atteinte au programme de la Chine aux Chinois ! À l’exemple du

  1. Analysée par M. Noël Péri, dans la Revue de Paris du 15 juin 1907. L’Éducation nouvelle en Chine.