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révolution et développe un nationalisme antiétranger sur lequel tous les Chinois sont d’accord.

Ce n’est pas pour l’Europe que le Japon travaille en Chine, c’est même aux dépens de l’Europe qu’il veut assurer sa prépondérance économique et politique. Il veut fortifier la Chine assez pour qu’elle résiste aux tentatives européennes d’ingérence ou de démembrement, — pas assez pour qu’elle se passe de toute protection japonaise.


    par acomptes pendant de longues années ; les intérêts devaient faire monter la somme à 40 millions de dollars environ. Le gouvernement américain a reconnu que 11 millions rembourseraient complètement les missionnaires, les particuliers et le gouvernement. 8 millions de dollars ont déjà été touchés. On abandonnera le reste. L’Amérique aide les Chinois à refondre leurs finances, envoie en Chine des expéditions scientifiques qui sont utiles aux indigènes, attire aux États-Unis le plus grand nombre possible d’étudiants chinois. Les Chinois qui ne sont guère satisfaits par les médiocres succès remportés aux examens par leurs étudiants qui ont été au Japon et qui surtout se méfient de leurs idées révolutionnaires favorisent l’envoi d’étudiants en Amérique ou en Europe. Wu Ting Fang, le nouveau ministre de Chine à Washington est arrivé aux États-Unis, en mars 1903, accompagné de 32 jeunes gens.

    Les Chinois paraissent reconnaître les bons offices des Américains et se tourner vers eux pour trouver un appui contre l’Europe, éventuellement contre le Japon. En 1905, lors du voyage du secrétaire Taft en Extrême-Orient, l’ami des États-Unis, c’était le Japon ; la Chine alors boycottait les marchandises américaines : maintenant que l’amitié du Japon pour les États-Unis est moins sûre, les Chinois sont moins hostiles aux Américains. M. Taft a été bien reçu par les Chinois de Shanghaï et de Hong-Kong en octobre 1907. Il leur a rappelé que les États-Unis s’étaient engagés à maintenir la porte ouverte en Chine ; il a félicité les Chinois élevés en Amérique de la part qu’ils prennent au mouvement réformiste. On annonce qu’une escadre américaine de quatre ou cinq navires escortera en avril 1908 M. Rockhill, ministre des États-Unis à Pékin, lors des visites qu’il doit rendre aux vice-rois des diverses provinces qui bordent la côte et le fleuve Yang-tsé.