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Américains au Pacifique et préfèrent garder un champ bien clos. Ainsi, plus fort que les traditions de bon voisinage, que les intérêts commerciaux et que les excellentes relations entre gouvernements, plus fort que la sympathie d’intelligence et d’art des Américains pour les Japonais, plus fort que les sentiments de reconnaissance des Chinois et des Japonais, soudain, par le fait des peuples, un malentendu fondamental s’affirme, de race à race, entre Américains et Asiatiques.

En mai 1905, c’est le peuple de Chine qui organise le boycottage des marchandises américaines. On en connaît les raisons : la noyade d’un compradore chinois à Canton par des marins américains ; faits plus graves, l’attitude des Américains employés à la construction du chemin de fer Canton-Hankéou, qui maltraitaient les populations et les affolaient avec leurs armes à feu ; la corruption de quelques Américains engagés dans l’affaire et même de consuls ; l’essai de transfert à un syndicat belge du contrôle sur la compagnie ; — tout cela exaspéra contre les Américains l’aristocratie, les commerçants et le peuple de la Chine du sud que déjà le triomphe du Japon excitait contre les diables étrangers. Puis, le traité entre les États-Unis et la Chine, qui réglait l’immigration chinoise en Amérique, ayant été dénoncé avant son échéance par le gouvernement chinois, les marchands du Fo-kien et du Kouang-toung, — les deux provinces qui envoient le plus de négociants aux États-Unis, — organisèrent à Shanghaï le boycottage des marchandises américaines. Leur idée était de protester contre l’exclusion des coolies hors des États-Unis et contre les traitements infligés non seulement aux