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par mer et dont la prise justifierait peut-être, en cas de rétrocession, une indemnité de guerre. Mais l’escadre américaine, concentrée à San Francisco ou dans le Puget Sound, serait à portée de prévenir un gros débarquement de troupes japonaises en Alaska et les Japonais ne pourraient y envoyer assez de soldats pour s’en emparer qu’après avoir détruit la flotte américaine et réussi à empêcher tout transport de troupes ennemies.

En cas de guerre, les Philippines seraient pour les Japonais la proie la plus sûre, la plus proche et la plus utile : retirer aux Américains la seule base navale qu’ils aient à proximité du Japon et dans le Pacifique occidental, serait le premier coup à tenter. Voisines de Formose, les Philippines compléteraient au sud le chapelet d’îles japonaises qui, depuis les Kouriles au nord, s’égrène au-devant du continent asiatique ; avec l’Indo-Chine, les Philippines sont, en Extrême-Orient, les dernières terres méridionales d’où les Blancs soient à déloger.

Les alarmes que sonnent les journaux américains depuis la victoire du Japonais sur le Russe, retentirent autrefois dans les journaux espagnols après la victoire du Japon sur la Chine : entrevues d’officiers japonais avec des Philippins ; explorations stratégiques des îles ; visites de colonels d’état-major déguisés ; repèrement de points de débarquement à Manille et dans la baie de Subie ; envois d’armes par une junte de Philippins installés à Yokohama ou à Tôkyô ; prétendues assurances de protection données à ces Philippins par les Japonais. La plupart de ces nouvelles, aux temps du joug espagnol comme de la règle américaine, furent inventées ou colportées par quelques