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autres villes de la côte ne comptent guère. Les entreprises japonaises en Californie seraient ruinées par représailles. Pour contraindre les Américains à une paix humiliante et à une indemnité de guerre, il faudrait que les Japonais s’emparassent d’une portion du territoire américain. Autant l’on comprend une invasion lente de la côte américaine par leurs coolies, autant l’on imagine mal qu’ils puissent la conquérir par les armes. Ils n’ont pas la prétention de traverser les trois quarts du continent américain et d’aller dicter leurs conditions aux 45 millions d’habitants qui vivent à l’est de Columbus, centre de la population au recensement de 1900. À supposer qu’ils s’installent sur la côte californienne, combien leur faudrait-il amener de troupes au travers du Pacifique pour empêcher qu’une poussée en retour, partant de l’hinterland américain, ne vînt les jeter à la mer ? Les Américains, naturellement combatifs et qui ont toujours guerroyé avec courage et acharnement contre les Anglais ou entre eux, et en qui la victoire sur les Espagnols a développé depuis dix ans l’esprit chauvin, se lèveraient en masse pour la croisade contre le Jaune. À supposer encore — pure invraisemblance — qu’ils fussent battus, on peut être sûr qu’avant dix années le réflexe de ce peuple, qui a le nombre et les richesses, serait terrible, irrésistible.

L’Alaska est la seule portion du territoire américain dont l’invasion armée serait praticable pour les Japonais les Aléoutiennes qui en commandent les abords ne sont qu’à 500 milles de la plus septentrionale des Kouriles japonaises. L’Alaska, par ses mines et ses pêcheries ; est une terre de grandes richesses où les Américains ne pourraient transporter des troupes que