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III

Or voici que, sur un simple incident d’école à San Francisco, les rapports se tendent à se rompre entre le peuple japonais et le peuple américain.

Tout d’un coup, au Japon comme aux États-Unis, the man in the street et la yellow press parlent d’une guerre possible dans le champ clos du Pacifique. Évacuée par les rivaux russes et anglais, la piste est libre pour le match final ; les distances du combat sont repérées. À San Francisco, pendant la passe russo-japonaise, on espérait que les deux lutteurs se blesseraient assez pour que la finale du match fût ajournée de dix années. Mais tandis que le Japon trop aisément victorieux se relevait preste et agressif, sous le Yankee spectateur un tremblement de terre a jeté bas les gradins. L’opinion américaine s’émeut : Panama n’est pas percé ; on ne croyait pas avoir besoin si vite de cette grande porte d’accès sur le Pacifique. Les Japonais, de leur côté, s’inquiètent de ce canal qui sera trop vite percé, comme ils s’inquiétèrent du Transsibérien : ils n’aiment guère les moyens de transport conduisant plus vite les Européens ou les