Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diatement. Ainsi de 1876 à 1894, dans cette grande affaire de la diplomatie japonaise, le bon vouloir des Américains fut toujours évident — même à se laisser berner. Enfin, en dernière page du Livre d’or, l’accueil fait à miss Roosevelt et au secrétaire Taft, en 1905 : les foules campagnardes aux gares, les cadeaux envoyés en reconnaissance des services rendus par les États-Unis pendant la guerre qui s’achevait.

Cette reconnaissance, mise à rude épreuve, fut néanmoins assez forte pour tempérer les sentiments antiaméricains :

Quoique nous ne puissions cacher notre mécontentement, nous continuons, — comme le comte Okuma me l’a dit, — à taire notre angoisse pour cette raison profonde que l’Amérique nous a toujours témoigné la plus vive amitié depuis un demi-siècle… Nous sommes fort chagrinés que nos adversaires soient les Américains, à qui nous devons tant. Toutefois nous sommes rassurés par le fait que tous les torts se trouvent du côté américain et que les Japonais n’ont rien fait pour ne pas payer leur dette de reconnaissance… Notre diplomatie a paru jusqu’ici dans une position inférieure. C’est que dans le conflit nous avons conservé des égards pour une nation à qui le Japon était lié par une amitié ininterrompue de quarante années. Il n’est pas désavantageux de reconnaître que cette situation inférieure du Japon dans le présent conflit est due à l’observance par le peuple des principes du Bushidô[1].

Les proclamations du Mikado, les hakkai de soldats japonais et l’opinion du monde civilisé venaient d’attribuer la victoire du Japon sur le Russe au Bushidô, à cette « Voie des guerriers » qui donne honneur et

  1. Taiyo, décembre 1906, janvier et février 1907.