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Une déclaration de guerre ne nous serait pas aussi sensible, écrivait le professeur Mitsuriki, doyen des sciences de l’Université de Tôkyô ; longtemps le Japon a eu à lutter pour garantir, son droit à exister comme État indépendant et pour gagner sa situation présente dans le monde civilisé. Si maintenant son ancien ami, qui est presque responsable de l’avoir engagé dans cette voie, lui tourne le dos en déclarant qu’il ne s’associera pas plus longtemps avec lui à termes égaux, le ressentiment doit nécessairement être très amer.

Toutefois le sentiment des Japonais que le monde pourrait interpréter comme une ingratitude une attaque contre un pays dont jusqu’à présent l’amitié était pour eux un dogme, a grandement comprimé tout désir de guerre. Parcourons le livre d’or de cette amitié. En frontispice, la statue du commodore Perry qui élevée au Japon, symbolise l’ère nouvelle ; comme préface, le traité qu’il signa à Kanagawa en 1854, première entente du Japon avec une puissance étrangère : le Japon moderne en est sorti. Puis des portraits de bienfaiteurs : le premier diplomate américain, Townsend Harris, qui conseilla aux Japonais de fixer les droits de douanes à 5 p. 100 ad valorem, droits que les pays européens furent obligés d’accepter ; le rev. Dr Verbeck, le Dr Hepburn et d’autres Américains qui travaillèrent à l’éducation des jeunes gens. Et voici le dénombrement des bienfaits ; chacune des grandes réformes japonaises : fondation d’écoles et de l’Université de Tôkyô ; frappe de la monnaie selon le système décimal, essai du système des banques nationales, adoption de l’étalon d’or, postes, télégraphe, chemins de fer, téléphone, électricité, forme parlementaire du gouvernement, idées de liberté, forma-