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imposé les mesures et organisé les manifestations antijaponaises. Le maire Schmitz et son conseiller Rueff, convaincus de malversations, ont été emprisonnés ; treize membres sur dix-huit de l’ancien Board of Supervisors se sont reconnus coupables. Le nouveau maire, le Dr Ed. R. Taylor, médecin et avocat, est l’adversaire de la politique syndicale. Tous ces scandales chez leurs ennemis ont redonné confiance aux Japonais qui escomptent un revirement d’opinion : les capitalistes californiens calculeront le tort que leur cause l’antijaponisme ; et la fin du règne des syndiqués à la mairie détachera peut-être les indifférents de la propagande antiorientale.

Restent les motifs les plus sérieux de l’anti japonisme au dire des Japonais : la jalousie et la peur qui se sont emparés de l’Américain, depuis que le Japon a pris la première place en Extrême-Orient. Mais cette méfiance, flatteuse pour leur amour-propre, les encourage à ne pas accepter comme définitives les mesures prises contre leurs concitoyens. La civilisation japonaise vaut bien la civilisation américaine ; les Américains ont beaucoup à apprendre du Japonais ; ils avouent leur faiblesse en se refusant à une libre concurrence ; leur prétendu régime de liberté et d’égalité n’est que menterie qui, pour des raisons de race, établit des distinctions entre les hommes civilisés. Si l’Américain refuse une promotion au Japonais dans la hiérarchie internationale et ne traite pas avec lui d’égal à égal, c’est que le Japon, encore méprisé n’a pas assez imposé sa puissance. Il n’y a qu’un demi-siècle que, pour forcer les Japonais à ouvrir leurs îles aux Américains et à entrer dans la lutte internationale, le commodore Perry les menaça de ses canons…