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immigrants japonais, au moment même où leur travail est le bienvenu, c’est, disent-ils, un sacrifice gratuit et absurde :

Le développement des entreprises japonaises n’est pas seulement menacé : les industriels américains sont très anxieux pour l’avenir. Les 10 ou 15 000 travailleurs japonais qui chaque année arrivent des Hawaï ne sont pas encore assez nombreux : leurs salaires augmentent sans cesse ; on veut les empêcher de débarquer : sait-on à quelles funestes conséquences l’on s’expose[1]… Pour les Japonais, il s’agit de perte d’argent ; mais, pour les capitalistes américains qui emploient des ouvriers japonais, cette question est bien plus importante. Lorsque les capitalistes de Californie auront compris qu’en n’employant pas les travailleurs japonais, ils nuisent à l’industrie et à la vie économique du pays, il viendra un moment où un revirement se produira : attendons ce changement d’opinion[2].

Aussi les Japonais maintiennent leurs prétentions contre les décisions à courte vue des deux gouvernements de Washington et de Tôkyô :

Nous aimerions mieux ne pas voir nos travailleurs se diriger vers les pays qui les persécutent. Au Japon, en Corée ou en Mandchourie, dans l’île de Yéso ou à Sakhaline, des travaux réclament leurs bras, mais on les délaisse. Si, malgré nos conseils, nos émigrants, écoutant les appels qui leur viennent d’Amérique et d’ailleurs, continuent à partir, on peut dire que rien désormais ne pourra arrêter leur désir de s’expatrier. Dans le monde, ce sont les États-Unis et le Canada qui souffrent le plus du manque de bras. C’est grâce à nos émigrants que la situation économique de ces pays n’est pas tombée dans une crise incurable. Sans eux, que serait-il arrivé ? Les travaux auraient été confiés

  1. Osaka Asahi, 19 mars 1907.
  2. Osaka Shimpo, 24 mars 1907.