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Amérique, pays de hauts salaires. Plusieurs d’entre elles ont pour directeurs ou administrateurs des hommes politiques influents et qui n’hésitent pas à acheter les législateurs[1]. À supposer même que le gouvernement du Mikado puisse contraindre les compagnies du Japon à suspendre temporairement leurs opérations, celles qui des Hawaï font passer les émigrants au Canada ou au Mexique, comment pourra-t-il les atteindre ?

Les travailleurs japonais déclarent que le gouver-

  1. « Jusqu’ici les diverses compagnies d’émigration étaient divisées en deux partis ; instruites par l’expérience, elles se sont décidées à se syndiquer. Avant-hier soir leurs représentants se sont réunis ; ils ont choisi pour le groupe le nom suivant, Imin Tori-astukainin Kumiai. M. Morioku Shin a été nommé président et M. Hinata Teitake administrateur. Unanimement le syndicat va combattre l’impuissance du ministère des Affaires étrangères. À la prochaine session du Congrès il fera déposer un amendement aux lois actuelles sur la protection de l’émigration. » Asahi Shimbun, 9 décembre 1907. « Les représentants des différentes compagnies d’émigration ont rendu visite au comte Hayashi, ministre des Affaires étrangères. Voici, dit-on quelle fut la déclaration du comte Hayashi : « Le gouvernement est disposé à encourager l’émigration, mais il doit calculer les avantages et désavantages résultant d’une part de l’émigration et d’autre part de nos relations diplomatiques, et si le bénéfice est insignifiant il faudra le sacrifier. Cette question de l’émigration mérite que le gouvernement et les compagnies l’étudient sérieusement. » Japan Times, décembre 1907. En mai ou en juin 1908 auront lieu au Japon les élections générales. Les Progressistes, Kenseihonto, parti de l’opposition, attaqueront vivement les Seiyukaï, parti du gouvernement, sur la timidité de sa politique concernant l’émigration. Peut-être le gouvernement, par crainte de cette campagne que les compagnies d’émigration et de navigation entretiendront, tentera-t-il une politique de compromis : la décision de fixer mois par mois les départs pour les Hawaï rend possible une telle politique. Il essaierait d’accorder à l’opposition, sur cette question de l’émigration, le maximum des concessions, sans toutefois tellement engager sa responsabilité que les Américains soient en droit de l’accuser de mauvaise foi.