Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’ils viennent aux États-Unis, pourraient s’en voir refuser l’entrée quand leur venue serait jugée nuisible aux travailleurs blancs par le président des États-Unis. »

Les Américains crurent alors en arrêtant les passages entre les Hawaï et le continent supprimer chez eux l’immigration japonaise ; ils crurent aussi que le gouvernement japonais travaillerait de son côté à enrayer l’émigration ; or dans son rapport annuel le Bureau of Immigration de Washington annonce que l’immigration des Japonais, de juin 1906 à juin 1907 s’est élevée à 30 226, contre 13 835 l’année précédente, et à 10 901 pour mars, avril mai et juin 1907 : en quatre mois, c’est le même chiffre que pour toute l’année 1905 (11 021). En octobre 1907, sans compter tous ceux qui se sont frauduleusement faufilés par les frontières canadienne et mexicaine, 1 616 Japonais sont arrivés aux États-Unis (684 en octobre 1906). La proclamation du Président n’a donc pas rencontré l’effet qu’elle cherchait et les découragements officiels de Tôkyô à ses émigrants ont été inefficaces.

Le gouvernement des États-Unis est désarmé : l’exclusion des Japonais qui n’ont pas un passeport pour les États-Unis et qui viennent des Hawaï exige un contrôle aussi compliqué que l’exclusion des Chinois et est prétexte aux mêmes fraudes[1]. Il faut d’abord distinguer les étudiants, les commerçants, les professeurs, les officiels des coolies, puis distinguer

  1. En mai 1907 on découvre, dans six grandes caisses placées sur le pont d’un vapeur venant de Yokohama, six jeunes Japonaises qu’on cherchait à introduire aux États-Unis en déjouant les règlements. Les Japonaises ont été renvoyées et la compagnie a dû fournir caution.