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fiance dans l’issue de la lutte. Il l’exclut du Japon ainsi que le Coréen[1]. Le grand avantage que les émigrants japonais trouvent à gagner les Hawaï et la Californie, c’est que les lois américaines, en excluant les Chinois, y réservent une sphère d’influence au profit de la main-d’œuvre japonaise. L’exclusion des Chinois aux Hawaï paraît avoir été toujours désirée par le gouvernement du Japon. « Quand il suspendit pour un temps l’émigration de ses nationaux aux Hawaï, en 1891, une des raisons données fut la crainte que des conflits de race se produisissent entre Chinois et Japonais sur les plantations[2]. »

La grande industrie, en donnant à l’ouvrier japonais les premières notions d’un apprentissage technique, d’un salaire plus élevé, de la puissance du capital, lui a rendu l’Amérique indispensable : c’est là que, suivant l’exemple des Européens, il faut aller apprendre un métier, gagner de hautes payes, amasser des capitaux. Le gouvernement, de son côté, qui fonde sur le développement de l’industrie tant d’espoir pour transformer le pauvre Japon en un pays riche comme l’Angleterre, a le même intérêt à envoyer des manœuvres aux Américains pour apprendre la technique des métiers, qu’à envoyer dans les collèges ou universités d’Amérique des apprentis diplomates, des

  1. Cf. p. 319. Les entrepreneurs japonais dans les mines et les chemins de fer, trouvaient avantageux d’importer au Japon des Chinois ou des Coréens, ouvriers meilleur marché et plus maniables que les travailleurs japonais. Au Japon, le Chinois se contente d’un salaire inférieur de moitié au salaire qu’exige les Japonais plus ambitieux. Chinois et Coréens commençaient d’arriver par centaines quand les ouvriers du Japon exigèrent leur exclusion.
  2. Third report on Hawaï, p. 504.