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resterait encore 40 millions de yen. Les affaires prendraient une excellente tournure[1].

Diriger les émigrants seulement sur la Corée et le sud de la Mandchourie, serait-ce placer au mieux le capital en hommes, richesse du Japon ? La Corée et la Mandchourie sont plus densément peuplées que la Californie. Il est vrai que les Coréens sont mous, et que le Japonais travaille férocement à leur disparition, mais il lui faudra du temps pour nettoyer la Corée de ses dix millions d’habitants. Actuellement, les émigrants japonais sont surtout dans les villes, à Fusan, à Séoul, à Chemulpo ; ils sont les maîtres le long de la voie du chemin de fer, mais au delà ils n’ont pas encore pris réellement possession du sol. En Mandchourie, les Japonais se heurtent à une forte concurrence chinoise : les qualités de l’émigrant japonais, résistance physique, modicité des besoins, sont neutralisées quand il entre en concurrence avec le Chinois aussi résistant, aussi sobre : déjà avant la guerre, les Chinois[2] s’emparaient de cette Mandchourie qui, politiquement, les domine ; ici, comme à Formose, le Chinois de plus en plus occupera la terre, le Chinois qui n’hésite pas à quitter sa province, pour se fixer ailleurs, sur le sol qu’il cultive. Actuellement, dans le premier feu de l’émigration, et portés par le prestige de la victoire, tout à la fièvre de grandes entreprises qui proclament leur puissance, le nombre et l’activité des Japonais frappent le voyageur étranger qui traverse le pays par le

  1. Toho Kyokwai ho, n° 142. La Situation du Mexique, par M. Sugimura Tosaichi, ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire du Japon au Mexique.
  2. Monthly consular and trade reports, august 1905, n° 299.