Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la jouissance. À l’exemple de l’Allemagne unifiée il veut que sa force économique égale sa gloire militaire. Or pour que l’industrie et le commerce se développent, pour que le pays s’enrichisse et pour que pacifiquement il prenne sa revanche de la déception de Portsmouth, il faut que les Japonais émigrent dans les Amériques.

« Aux États-Unis, il y a encore des ressources inexploitées, au Japon il n’en existe plus. Voilà pourquoi la richesse des États-Unis augmente considérablement tandis que celle du Japon reste stationnaire[1] ». Mais par mille carré le Japon a en moyenne 284 habitants : les États-Unis n’en ont que 20. La vraie richesse du Japon est donc en émigrants mobilisables. Or en face, sur l’hémisphère Ouest très riche, mais peu peuplé, la civilisation occidentale, à mesure qu’elle se répand et gagne, développe les ambitions, hâte la mise en valeur des pays. Toute entreprise nouvelle lancée sur la côte du Pacifique dans les deux Amériques est un appel de travail que les Extrême-Orientaux sont les premiers à entendre et à satisfaire :

Notre population augmente de 700 000 personnes par an ; or les émigrants qui travaillent à l’étranger sont très peu nombreux, ceux qui partent comme colons, encore moins nombreux. La Chine et la Corée mises à part, le nombre de ceux qui sont allés dans l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Australie, les Philippines atteint environ 400 000. Ces 100 000 personnes envoient chaque année au Japon 40 millions de yen. C’est le chiffre donné par les statistiques officielles, l’argent dont on connaît

  1. Tôbei Zasshi, 10e année, n° 6. Comparaison entre la Richesse du Japon et celle des États-Unis.