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sable patience à solliciter, à s’insinuer. Le Japonais n’attaque pas avec des allures de grand capitaliste qui, par force, veut imposer ses méthodes et ses produits ; mais, sous le contrôle de l’État, les intérêts japonais organisés et disciplinés ont une force incontestable de pénétration et de conquête.

Les Américains, jusqu’ici, ne pensaient, sur les marchés orientaux, qu’à vaincre la concurrence européenne, et voici que monte la concurrence des Japonais. Mais elle ne fait que commencer et ce n’est pas l’optimisme et la confiance en soi qui manquent au Yankee. Il se moque des alarmistes à l’imagination échauffée qui annoncent que les Japonais, par tous les moyens et même par les armes, veulent conquérir la maîtrise du Pacifique, aux dépens des États-Unis. Le Pacifique est grand, grandes aussi les terres qu’il baigne. Dominer le Pacifique, c’est plus difficile que de surveiller un détroit. Le Yankee sait de reste, en homme entraîné aux luttes économiques, que la suprématie commerciale sur les marchés du Pacifique dépendra non pas d’une surprise d’escadres mais d’un avantage permanent dans les coûts de production et de transport. Au surplus, le développement industriel du Japon profite directement aux Américains. Le commerce total entre le Japon et les États-Unis pour 1905 a été de 512 millions de francs environ[1]. Les importations du Japon ont plus que

  1. Les exportations japonaises aux États-Unis ont passé de 242 543 400 francs en 1905 à 324 988 200 francs en 1906 (grosse augmentation des exportations de soies grèges et de habutaï ou pongées), tandis que les exportations américaines au Japon ont diminué : 269 059 200 francs en 1905, 180 467 600 en 1906 (diminution sur le coton brut, le fer et les machines).