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encore les routes mondiales vers le monde jaune : route anglaise par Suez et les Indes, route russe du Transsibérien, route américaine par les Hawaï, convergeaient au golfe de Petchili. La victoire et l’industrie japonaises les concentrent au Japon. Le Japon doit être l’emporium de l’Asie orientale : « Il faut que notre pays devienne le centre de ce grand commerce oriental pour le monde entier[1] », pensent les Japonais. Ils seront les intermédiaires entre les fournisseurs occidentaux et les clients jaunes, de leur race. Les consuls américains ont décrit les progrès des exportations japonaises en Corée, en Mandchourie et en Chine, les contrefaçons japonaises de marchandises américaines, et la concurrence faite par les cotonnades japonaises aux cotonnades américaines[2]. Les Américains ont compris quels avantages en Chine donnaient au placier japonais le prestige politique de la victoire sur le Russe, la connaissance des caractères d’écriture chinois, des goûts et des ressources des clients et aussi sa souplesse, son inlas-

  1. Commercial Japan, p. 2916, Washington, 1904.
  2. Les Américains se plaignent souvent que les Japonais, par solidarité de race, essayent de supprimer la liberté du commerce. En octobre 1907, presque tous les fabricants de soie aux États-Unis boycottèrent un trust qui avait été formé par les marchands japonais de soie brute. Ceux-ci, en août, au lieu de continuer à vendre leur soie brute à l’étranger par l’intermédiaire de la Yokohama-Sench-Boyekisho, la vendirent directement à trois maisons japonaises faisant des affaires aux États-Unis. Le plan était de leur épargner la commission habituelle et de leur garantir toute la soie dont elles pourraient avoir besoin avant de servir les marchands américains. Les Américains refusèrent de prendre livraison dans ces maisons de la soie qui restait après que les besoins des marchands japonais aux États-Unis eussent été satisfaits. Les stocks s’accumulèrent ; les Japonais baissèrent leurs prix, mais en vain : les Américains refusaient d’acheter. Les Japonais furent obligés de capituler en novembre.