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sut profiter de ce qu’il avait le beau rôle pour se montrer très modéré. Comme naguère lorsqu’il préparait la guerre contre la Russie, il prit à témoin le monde civilisé que toutes les bonnes raisons étaient de son côté. Les genro et l’Empereur, dont ils ne sont que les « agents, montrèrent une fois de plus qu’ils étaient capables de gouverner sans l’opinion publique, — cette opinion qui, mobilisée comme la force militaire, reste toujours dans la main du gouvernement et qu’il peut déchaîner si la discussion diplomatique l’exige.

Sans pitié ni relâche, on mit le doigt sur le point faible de la Constitution américaine : « Le conflit n’est pas entre le Japon et les États-Unis, répétait-on, non pas même entre le gouvernement de Washington et l’État de Californie, mais simplement entre le pouvoir fédéral et le Board of Education de San Francisco. » C’était transformer le conflit international en un simple conflit entre Américains, rejeter sur Washington tout le poids de la question et, témoin impartial mais exigeant, presser la solution. Dès le début de l’incident, le gouvernement de Washington fut contraint d’avouer que, responsable envers le Japon, il était sans l’autorité nécessaire pour forcer le Board of Education coupable. Le président Roosevelt publia sa détresse :

Une des grandes difficultés que nous trouvons à remplir nos obligations internationales tient à ce que les statuts des États-Unis sont tout à fait inadéquats. On a négligé de donner au gouvernement national un pouvoir assez ample par le moyen des tribunaux et par l’emploi de l’Armée et de la Marine pour protéger les étrangers dans les droits qui leur sont reconnus par des traités solennels.