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Japon un grand pays d’industrie. Cette politique économique est inquiétante pour les Américains, exportateurs sur les marchés chinois : l’étatisme au Japon a donné sa mesure comme organisateur de victoires. Des salaires encore très bas, — malgré leur augmentation de 150 p. 100 de 1887 à 1903, — et la proximité des marchés orientaux assurent en outre au commerce japonais l’avantage dans certaines spécialités : fils de coton, cotonnades communes, porcelaines, allumettes, etc. Mais les États-Unis ne peuvent rien là contre, et leurs consuls estiment qu’il y aurait intérêt pour les industriels américains à faire fabriquer la partie la plus simple et la plus grossière de leurs produits à Tôkyô ou à Osaka : « Il y a beaucoup plus à gagner pour les États-Unis à travailler en harmonie avec le Japon pour le commerce de l’Extrême-Orient qu’en inaugurant une politique d’opposition têtue et de concurrence aveugle… La grand’route que suit le commerce américain vers l’Orient passe par le Japon », déclarait récemment à un consul[1] un grand industriel des États-Unis. Sa situation géographique, l’organisation de ses chemins de fer en Corée et dans le sud de la Mandchourie, leurs raccordements avec les lignes de la Chine du Nord, sa navigation côtière et fluviale en Chine, l’habileté de ses commis, leur connaissance des langues et des usages assurent au Japonais le rôle de courtier et de roulier en Extrême-Orient. Les États-Unis, plus forts par leurs capitaux, leurs matières premières et l’équipement de leur industrie

  1. H. B. Miller, consul général des États-Unis à Yokohama.