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n’être pas heureux, paralyserait encore plus le crédit. Banques vidées de dépôts, circulation de billets de la Trésorerie et émission d’obligations de Panama pour obtenir du public américain et des banques étrangères le numéraire indispensable à la reprise des affaires ; ce n’est pas le moment que l’État américain choisirait de propos délibéré pour se lancer dans une guerre navale qui exigerait d’énormes disponibilités d’or et un grand crédit sur les places étrangères. Les gens de l’Ouest, eux-mêmes, éprouvent le besoin de rassurer leurs compatriotes : « Ne craignez rien, affirment-ils ; montrez-vous et les Japonais ne bougeront pas. »

Le Japon est un utile fournisseur et un bon client des États-Unis. Qu’il vienne à manquer tout à coup : les soyeux de l’Est américain seront gênés ; le Sud n’écoulera plus au Japon son coton et son tabac ; le Middle West, son pétrole, ses fers, ses aciers et ses machines ; l’Ouest, sa farine. Jusqu’ici tout progrès économique du Japon a profité directement aux exportateurs américains. En 1876 les exportations du Japon s’élevaient à 22 millions de dollars et les importations qu’il tirait des États-Unis à 1 700 000 dollars : pour chaque dollar d’exportations, il dépensait 8 cents en Amérique. En 1905 ses exportations furent de 160 millions de dollars environ, et ses importations venant des États-Unis, 38 millions de dollars : pour chaque dollar gagné, le Japon a dépensé 24 cents chez les Yankees.

Il est vrai que le gouvernement du Mikado, par législation, tarif, subsides, prêts aux banquiers, industriels et commerçants, comme par ses experts scientifiques et commerciaux, est décidé à faire du