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troyers ne quitteraient plus l’escadre, par crainte d’une surprise ; des canons, des torpilles, des mines sous-marines étaient transportés en hâte aux Philippines ; un discours du comte Okuma menaçait la domination anglaise aux Indes ; le vicomte Aoki, avant de s’embarquer pour le Japon, avait déclaré que le Japon considérerait comme une provocation une loi américaine excluant les émigrants japonais ; le gouvernement de Washington adressait une « remontrance » au gouvernement de Tôkyô au sujet de l’augmentation des immigrants japonais aux États-Unis ; les représentants de la Californie au Congrès insistaient sur la nécessité de voter une loi d’exclusion ; l’ambassadeur des États-Unis à Tôkyô, M. O’Brien, disait-on, avait soumis au gouvernement japonais un projet de convention aux termes duquel celui-ci prendrait l’engagement écrit de limiter l’immigration japonaise aux États-Unis à un chiffre fixé pour chaque année, mais le gouvernement japonais considérait, comme une atteinte à sa dignité, un tel engagement écrit ; le Japon, à son tour, aurait demandé au gouvernement des États-Unis l’engagement écrit qu’il ne serait pas voté de loi d’exclusion contre les Japonais ; la flotte japonaise avait été répartie de manière menaçante pour les États-Unis ; des réservistes japonais étaient rappelés d’Amérique ; des espions japonais étaient arrêtés en Oregon…

Ce n’était pas que l’opinion américaine fût enthousiaste et unanime à souhaiter la guerre contre le Japon, comme il y a dix ans contre l’Espagne. Alors, avec ses cris hystériques de « War ! War ! », elle força la main au gouvernement. Aujourd’hui, elle