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Au Japon aussi, depuis dix ans[1], depuis les victoires sur la Chine et la Russie, une poussée d’optimisme et d’ambition a créé les grands projets japonais de suprématie politique et économique en Extrême-Orient et sur le Pacifique. Entre Américains et Japonais ainsi rajeunis et excités par de récentes victoires sur l’Europe, le développement des relations économiques est rapide et déjà la concurrence les met aux prises sur le même terrain. Quand les Américains parlent de leur commerce avec l’Orient, il s’agit de la zone tempérée de l’Extrême-Orient, Japon, Chine du nord et Corée : dans l’Orient tropical, les Européens importent pour plus de 650 millions de dollars, tandis que les Américains ne fournissent guère que 10 millions de dollars, soit 1 p. 100 des importations globales. Le vrai domaine oriental du commerce américain, c’est l’Extrême-Orient du Pacifique nord, parce qu’il est le plus proche et qu’il

    plus nombreuse que celle de tous les pays d’Europe ; leur commerce extérieur par an dépasse 3 milliards de dollars : la part des États-Unis est environ de 700 millions de dollars. Si ce commerce était bien compris et développé par nos manufacturiers et producteurs, les industries non seulement de la côte du Pacifique mais de tout notre pays et particulièrement de nos États producteurs de coton y trouveraient un grand bénéfice. Naturellement, pour récolter ces bénéfices, nous devons bien traiter les pays avec qui nous commerçons. » Président Roosevelt. Message, 3 décembre 1906.

  1. Avant leur défaite, les Russes étalaient leurs prétentions à la maîtrise du Pacifique ; l’empereur d’Allemagne les encourageait. « Amiral de l’Atlantique », il adressait dans un message célèbre, ses félicitations au Tsar « amiral du Pacifique ». Les Russes doivent, au moins temporairement, céder le pas au Japon. Et la Chine est trop occupée par les réformes, pour jouer, dans le Pacifique, le grand rôle économique et politique que le chiffre de sa population, les qualités de ses émigrants et leur esprit d’association lui assureront quelque jour.