Page:Aubert - Américains et Japonais, 1908.pdf/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À cet antijaponisme régional, l’exaltation irresponsable des journaux donna par le pays une grande diffusion : pareil excitement saisit toujours aux États-Unis la yellow press et son public, lors d’une difficulté internationale, et l’occasion était belle de flatter à la fois chauvins et prolétaires en partant en guerre contre les Jaunes. D’autant plus belle que la presse populaire du Japon donnait la réplique : assez violente dès le début, puis, un instant, matée, elle se reprit à crier en février quand la solution de l’incident scolaire traînait, en mars lorsqu’elle apprit que satisfaction était achetée au prix d’une interdiction d’émigrer aux États-Unis, en mai lors des nouvelles attaques contre les restaurants japonais de San Francisco, à la fin de juin à propos du refus de renouveler les autorisations des bureaux de placement japonais et de la nouvelle que la flotte américaine serait concentrée dans le Pacifique. Des journaux, tel que le Hochi Shimbun, décrivaient les tourments physiques et moraux que les Japonais enduraient aux États-Unis ; des hommes qui naguère avaient excité l’opinion contre la Russie, le professeur Tomizu, le comte Okuma, parlèrent haut et net contre les États-Unis. On prêta au vicomte Tani, chef de l’opposition à la Chambre des pairs, la déclaration suivante : « La persécution des Japonais à San Francisco est intolérable. Si la diplomatie ne réussit pas à obtenir une solution satisfaisante, le seul recours sera un appel aux armes. Nous y sommes fermement décidés. » Et la commission exécutive du parti progressiste vota le 10 juin cette résolution :

Les actes antijaponais ne sont pas passagers. Le gouvernement de Washington doit être tenu responsable de ne