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populaire. L’orgueil des Japonais fut très flatté de ces éloges et aussi du projet présidentiel de leur accorder le droit de naturalisation. Ils ne doutèrent plus qu’ils n’eussent raison contre les Californiens et ils se mirent en frais de politesse, de désintéressement, pour payer de retour ce panégyrique.

Tandis que le gouvernement de Washington ne cessait de traiter d’absurdes les bruits de guerre, l’opinion américaine passait par des soubresauts de confiance, puis d’inquiétude. L’antijaponisme violent resta localisé en Californie et en quelques points de l’Ouest ; mais les gens du Sud ne blâmaient pas les Californiens. Démocrates, ils ne pouvaient approuver le président Roosevelt et son administration républicaine. Anciens maîtres d’esclaves que hante toujours le problème nègre, ils défendaient le prestige des Blancs contre les prétentions des gens de couleur : le sénateur Tillman, ex-gouverneur de la Caroline du Sud, déclarait que « le niveau intellectuel des Japonais n’est guère plus élevé que celui des Noirs ». Fils des combattants de la guerre civile, ces Sudistes, qui, en chacun de leurs États, s’appliquent à retirer aux Nègres les droits civils et à les exclure des écoles où fréquentent les enfants blancs, approuvaient la Californie de défendre sa souveraineté contre le pouvoir fédéral et d’exclure les Jaunes de ses public-schools[1].

  1. Le Board of Education de Savannah (Géorgie) a décidé d’exclure de l’école du soir un jeune Japonais, qui avait été récemment admis. Pour éviter tout incident international, cette exclusion s’est faite sous le prétexte que l’écolier japonais était trop âgé pour suivre les cours. Les représentants au Congrès des États du Sud et de la côte du Pacifique ont lié partie et s’engagent à se soutenir dans toutes les mesures inspirées par la question de races : loi d’exclusion des Japonais, lois dirigées contre les Nègres.