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La construction chaque année d’un cuirassé du type le plus perfectionné ne ferait que maintenir notre flotte dans sa puissance actuelle. Cela ne suffit pas. À mon avis, nous devrions, cette année, voter les crédits de quatre cuirassés d’escadres[1].

Il est donc apparu au Président que la marine américaine, maintenue à sa force présente était insuffisante ; la paix sur le Pacifique, tout comme la paix sur l’Atlantique, exige la présence d’une flotte prête à frapper. Les marins se réjouissent : deux paix, deux flottes. Puisque le gouvernement veut se faire voter de nouveaux cuirassés, le mieux, à coup sûr, ne serait-il pas après avoir envoyé les vaisseaux dans le Pacifique, de les y laisser, puis de demander au Congrès une flotte atlantique. Pourquoi la flotte reviendrait-elle au bout de quelques mois ? Pendant dix années au moins, il faudra qu’elle stationne là-bas entière : la sécurité du territoire américain l’exige. D’ailleurs, que la flotte reste dans le Pacifique, ou qu’elle revienne dans l’Atlantique, peu importe, sa croisière a démontré que deux flottes sont nécessaires.

  1. Le budget de 1908-1909 prévoit 180 millions d’augmentation pour la guerre et 130 millions pour la marine. Le programme de constructions neuves présenté au Congrès américain par le secrétaire de la Marine dans son rapport annuel comporte pour la prochaine année budgétaire (1908-1909) les mises en chantier de 4 grands cuirassés, 4 éclaireurs, 10 contre-torpilleurs, 4 sous-marins, 1 navire à munitions, 1 navire atelier, 2 navires pose-torpilles, 4 charbonniers, soit 346 350 000 francs de dépenses. Grâce à l’effort de 1901 et 1902, les États-Unis ont pris la deuxième place parmi les puissances navales ; le nouveau programme, s’il est voté par le Congrès, permettra aux États-Unis de garder leur rang, malgré l’accroissement projeté de la marine allemande.