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deviennent américaines. Les steamers et les hauts fonctionnaires américains qui rentrent aujourd’hui des Philippines à San Francisco font escale au Japon, comme jadis les galions et les ambassadeurs espagnols qui revenaient de Manille à Acapulco. Les objets qu’exportent Manille et l’Extrême-Orient aux États-Unis sont les mêmes articles qui jadis plaisaient aux Mexicains.

En ces dernières années surtout, les événements se précipitent ; victoire de Dewey à Manille, acquisition des Hawaï, des Philippines et de Guam, les routes du Pacifique jalonnées de possessions américaines : les États-Unis deviennent de plus en plus voisins du Japon, intéressés à sa destinée ; à San Francisco, à Portland, Tacoma et Seattle des lignes régulières de paquebots américains et japonais, qui comptent environ trente steamers, prolongent cinq chemins de fer transcontinentaux[1] ; enfin le canal de Panama va rapprocher du Pacifique et des pays d’Extrême-Orient, les régions les plus riches et les plus peuplées des États-Unis, l’Est industriel et la grande région du Mississipi. Ces marchés d’Extrême-Orient hantent les imaginations américaines : un marché neuf à pourvoir, où toute transaction que l’on amorce peut un jour s’étendre à 4 ou 500 millions de consommateurs ! Cet intérêt des Américains pour l’Asie, dit un consul, marque « une époque de notre vie nationale[2] »

  1. Il y a par semaine deux vaisseaux dans chaque direction entre le Japon et les États-Unis. Les plus rapides vont du Puget Sound à Yokohama en douze jours environ, de San Francisco à Yokohama en seize jours environ.
  2. Monthly consular reports, september 1905, n° 300. Washington. « Les pays qui bordent l’océan Pacifique ont une population