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À une extrémité opposée du Pacifique, les Philippines sont d’un grand intérêt stratégique pour le Japon, non seulement à cause de leur proximité de Formose et de la côte méridionale de la Chine, mais aussi parce qu’elles commandent le Pacifique oriental, sur la route que suivent les paquebots qui, partant de Kobé, vont par Shanghaï et Hong-Kong dans l’Insulinde et en Australie[1].

L’établissement de colonies japonaises autour de l’Amérique du Sud et d’une ligne régulière de navigation entre Yokohama-Kobé et Callao-Valparaiso-Cap Horn obligera le Japon, pour la protection de ses sujets et de son commerce d’outre-mer, à chercher au milieu du Pacifique des points de relâche et des stations de charbon. Aux Hawaï, la lutte est déjà engagée. Les îles de la Polynésie ont acquis une importance stratégique depuis que l’Australie et la Nouvelle-Zélande se sont développées et que les États-Unis ont commencé leur mouvement d’expansion : autour des Samoa, placées sur la ligne transpacifique Vancouver-San Francisco-Hawaï-Nouvelle-Zélande-Australie, les ambitions anglaises, américaines, allemandes se sont heurtées et ajustées à grand’peine. À Tahiti, terre française qu’unit à San Francisco une ligne américaine, l’Oceanic Ss. Co., les États-Unis ne cessent de fortifier leur influence économique. Pour le Japon aussi, en quête de territoires peu peuplés à coloniser, ces îles de la Polynésie, où la race indigène

  1. Le Nippon Yusen Kaisha a une ligne vers l’Australie. Les journaux de Tôkyô signalent souvent la Malaisie comme une terre où les émigrants japonais devraient se hâter de prendre pied, car l’Allemagne, disent-ils, convoite Bornéo et Java. Le péril japonais est vivement redouté en Hollande.