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ries. Dès lors le Japon, au contraire des Puissances européennes, n’est-il pas libéré d’une stricte observation de la doctrine de Monroe et n’a-t-il pas le droit d’installer de Nouveaux Japons en des coins de l’hémisphère ouest ?

La conclusion est logique, mais les Américains ne s’embarrassent pas de logique. Ils tiennent ferme à la doctrine de Monroe, à l’intangibilité de l’hémisphère ouest : ils ne permettront jamais au Japon de prendre ce qu’ils refusent à l’Allemagne. Leur occupation des Philippines date de dix années. Le Japon l’a acceptée alors, et il doit reconnaître ce fait accompli, tout comme les États-Unis tolèrent la possession de la Jamaïque par l’Angleterre, de la Martinique par la France.

L’émigration des Japonais vers l’hémisphère ouest prépare aux Américains d’autres conflits. À 500 milles des Kouriles japonaises, les Aléoutiennes américaines peuvent fournir la base navale la plus rapprochée à la fois du Japon et des États-Unis. Elles sont voisines de l’Alaska dont le président Roosevelt faisait dans son message du 3 décembre 1906 cette description attrayante pour des voisins en quête de terres et de richesses comme le sont les Japonais : « Depuis que nous l’avons acquis, ce pays a fourni au gouvernement américain un revenu de 11 millions de dollars et a produit près de 300 millions de dollars en or, fourrures et poissons. Bien mis en valeur, ce sera une terre de colonisation. »

Au-devant de l’Alaska et des Aléoutiennes, tantôt à terre sur les îles américaines, Pribilof ou Saint-Paul,