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de cannes à sucre ou de pieds de café, acceptant par contrat d’être rétribué selon l’étendue de la plantation à cultiver et selon le rendement de la récolte. D’autre part, les Italiens de São Paulo et les Japonais des Hawaï ont le même défaut d’instabilité, de nomadisme, — défaut qui tient à leur qualité de salariés non fixés au sol — ; ils se déplacent de plantation à plantation, jusqu’au moment où ils peuvent réaliser leur rêve qui est d’envoyer de l’argent au pays et mieux encore, les économies amassées, d’y retourner eux-mêmes. Par moments les planteurs paulistes s’inquiètent, — comme les Hawaïens au sujet des Japonais, — de voir ces milliers d’Italiens excursionnistes se dérober à l’assimilation.

La seule différence entre les problèmes de main d’œuvre aux Hawaï et à Sao Paulo tenait jusqu’ici à la différence des races : les Italiens sont plus proches des Brésiliens que les Japonais ne le sont des Blancs des Hawaï ; mais voici que cette différence va disparaître : les Italiens partent nombreux de Santos et n’y arrivent plus ; on parle de les remplacer par des Japonais… Les difficultés sociales et politiques que la main-d’œuvre japonaise au service de King Sugar a créées aux Américains des Hawaï, une fois au service de King Coffee, elle les créera aux Brésiliens de São Paulo[1].

  1. D’après le Hochi Shimbun, « M. Midzuno, président de la compagnie d’émigration Kyokuku a conclu en novembre 1907 un contrat avec l’État de São Paulo : il amènera 3 000 Japonais liés pour trois ans par contrat, à partir de 1908. Par familles de 3 à 10 personnes, ils seront employés sur les plantations de café. Les frais de voyage et le prix du chemin de fer leur seront payés. D’avril à novembre, chaque année, ces Japonais seront engagés par le Gouvernement, et pendant cette période ils devront se